Les IMOCA restent à quai
Après 10 jours dans le bassin Paul Vatine, l’IMOCA aux couleurs du volailler vendéen, Maître CoQ, s’apprêtait ce dimanche matin à larguer les amarres pour rejoindre la ligne devant le Havre et le coup de canon libérateur… C’était sans compter la décision de la direction de course, tombée peu avant 8h : « Les conditions de ce matin sont trop engagées pour passer le Cap Finisterre en sécurité. Les IMOCA resteront donc à quai dans le bassin Vatine. »
Les trois autres classes – Ultim, Ocean Fifty et Class40 – quant à elles, franchiront bel et bien la ligne de départ de cette 16e édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. Les Ultim feront le parcours initialement prévu, direction la Martinique. Les Ocean Fifty et les Class40, en revanche, mettront le cap sur Lorient où les flottes seront neutralisées en attendant le passage du train de dépressions particulièrement creuses qui va balayer le Golfe de Gascogne la semaine à venir…
Pourquoi ces différences de traitement ? La route du café, une référence dans le calendrier de la course au large depuis 30 ans, est une course multi-classes qui accueillent des flottes avec des capacités différentes. Tous les concurrents n’ont donc pas les mêmes chances de franchir les systèmes météos rencontrés et donc de s’en extirper de la même manière.
Ajouté à cela, le nombre de bateaux engagés, qui rend impossible l’accueil dans un même port, ne serait-ce que d’une moitié de flotte qui aurait besoin de s’abriter…
Sans aucun doute ces deux raisons ont guidé la direction de course dans les choix effectués ; la sécurité primant tant pour les concurrents que pour les services de secours.
Yannick Bestaven et Julien Pulvé, arrivés au ponton en bottes et en ciré, prêts à en découdre, sont certes déçus mais s’adaptent.
Yannick Bestaven : « La qualité première d’un marin : l’adaptation face aux éléments. A la vue des fichiers météos de ce matin, on voit bien que la dépression est plus creuse et arrive plus rapidement que prévu hier encore, pour le passage du Cap Finisterre. Certes nos bateaux sont calibrés pour faire un tour du monde et sont fiables, mais le souci est autre… Dans les mers du sud quand nous avons à faire à ce genre de phénomènes, nous sommes au portant en général et nous parvenons à nous placer par rapport au système météo en question. Là, dans le Golfe de Gascogne, il n’y a pas d’échappatoire : d’un côté la dépression, de l’autre la terre. Et souvent, il y a trop de mer pour rentrer dans un port… Tu te retrouves coincé.
D’un point de vue sécurité, la direction de course a pris la meilleure décision. C’est comme en montagne, en cas de risque d’avalanche, personne ne sort.
Évidemment, Julien et moi sommes tristes de ne pouvoir partager le départ avec les autres flottes, le public, les médias et nos partenaires. Et nous les sommes d’autant plus, que nous nous sentions bien dans les conditions que le départ nous offrait, on pouvait faire la différence. »
Le duo rochelais raccroche donc les cirés et reste dans l’attente d’un nouveau départ « sans doute pas avant la fin de la semaine prochaine si la météo n’évolue pas. Avec Yannick nous rentrons voir nos familles, tout en restant concentrés sur les fichiers météos et notre course. Un exercice particulier certes ; mais nous nous adaptons. » conclut Julien Pulvé.