Julien Pulvé, un marin talentueux aux multiples casquettes, co-skipper à bord de Maître CoQ V
Fort d’expériences réussies en Mini 6.50, Figaro BENETEAU 2 puis 3, Class40 mais également en tant que coach et préparateur, Julien Pulvé franchit cette année un nouveau cap en devant co-skipper de l’IMOCA Maître CoQ de Yannick Bestaven pour la Transat Jacques Vabre – Normandie Le Havre. Le Rochelais sera également son remplaçant pour le Vendée Globe 2024/25 au cas où ce dernier ne puisse pas en prendre le départ.
Originaire des Yvelines, Julien Pulvé découvre la voile au Club Nautique de Châtelaillon-Plage, quand il déménage près de La Rochelle. Il a alors huit ans. Piqué par le virus de la compétition qu’il pratique aussi en judo et en tennis, il fait ses gammes en Optimist et entre en Sports Études à La Rochelle à 13 ans. Une étape très formatrice pour la suite de sa carrière car « il ne suffit pas d’être bon dans son sport, il faut l’être aussi dans les études ». Optimist jusqu’à 14 ans, Laser, 420, 470 : il suit un parcours classique. « En double, j’étais équipier et suis passé barreur en F17 et F18 pour une question de gabarit. J’ai fait ensuite de l’Open 5.70 et du Grand Surprise, ce qui m’a permis d’apprendre à naviguer en équipage. J’ai aussi passé mon diplôme de skipper », indique-t-il.
Passe ta Mini d’abord
Le déclic de la course au large, Julien l’a en 2011 quand il découvre la Mini Transat à La Rochelle. Dès lors, il n’a qu’une idée en tête : s’aligner au départ de l’édition suivante. Deux ans plus tard, il boucle sa première course au large en solitaire et participe à la Mini Transat. S’il part « un peu à l’arrache, avec peu d’argent, de préparation et d’expérience », il ne s’endette pas pour autant et trouve non sans mal plusieurs partenaires. « J’ai su que je pouvais partir quatre jours avant le départ. J’avais trouvé l’argent pour m’inscrire et avais pris la dernière place en Proto, en me disant que ça allait le faire. Mais je n’avais pas le budget pour louer le bateau à son propriétaire, qui était son architecte et son constructeur. Une entreprise, que j’avais rencontrée par le Grand Pavois, m’a appelé alors que j’étais déjà à Douarnenez, d’où partait la course. Il me manquait encore 5000 euros pour ramener le bateau au cargo ». Malgré « pas mal de casse », il termine 6e de sa catégorie. Une belle performance pour une première.Une rencontre déterminante
En 2011, il fait une rencontre déterminante : celle de Yannick Bestaven. « J’avais été invité par une amie rochelaise qui cherchait un remplaçant pour l’étape retour de la course Les Sables – Les Açores – Les Sables en Class40, à laquelle Yannick participait aussi. C’était ma première course en Class40. On a terminé 5e avec un vieux bateau. Yannick, qui jouait la gagne, 2e. Je l’ai rencontré à la fête d’arrivée. Il m’a proposé de préparer son bateau, Aquarelle.com, pour la Transat Jacques Vabre 2011, qu’il a remportée avec Éric Drouglazet », raconte-t-il. Cette rencontre marque le début d’une belle amitié entre les deux hommes. D’une collaboration sportive, aussi. « J’ai fait la Normandy Channel Race avec lui sur son bateau l’année suivante, qu’on a terminé 3e. On en reparle souvent parce que l’on avait fait une belle remontée sur la fin ». Sans hésiter, Julien propose à Yannick d’être le parrain de son bateau en 2015, pour la Mini qu’il fait en Série cette fois.
« Je suis revenu plus préparé, avec un sponsor, un nouveau bateau et de l’entraînement. Le choix de Yannick s’est vite imposé comme une évidence. Il avait gagné cette course, c’était un navigateur que je suivais depuis longtemps, et j’avais beaucoup d’admiration pour son parcours. J’étais ravi qu’il accepte », explique-t-il. Julien termine 2e, juste derrière Ian Lipinski. « Il a gagné la première étape, moi la seconde. A la fin, il a manqué peu de chose pour ramener la coupe à la maison. C’était top, on s’est tiré la bourre tout du long avec les mêmes bateaux ». De cette concurrence acharnée nait une belle amitié, qui incite Ian Lipinski à inviter Julien à courir la Transat Jacques Vabre – Normandie Le Havre avec lui en 2021 à bord de son Class40 Crédit Mutuel. Ils terminent 14e. La même année, il participe à une étape du Pro Sailing Tour avec Thibaut Vauchelle-Camus. « Je suis un peu touche à tout. J’essaie de m’enrichir de chaque expérience, de faire en sorte qu’elles me servent à grandir vélistiquement parlant. D’ailleurs, je donnerais cher pour faire un bord en Ultime ».
En 2017, Julien est sélectionné pour être le skipper du Figaro BENETEAU 2 Team Vendée Formation et réitère l’expérience en 2019, l’année du passage au Figaro BENETEAU 3, « une super expérience très intense ». Entre les deux, il devient préparateur de Phil Sharp pour la Route du Rhum 2018. Ensemble, ils gagnent sur le fil la Normandy Channel Race, puis la Sevenstar Round Britain & Ireland Race. En parallèle, il se lance dans le coaching à La Rochelle. « En 2019, la naissance de mon fils Eliott m’a incité à lever le pied pour le voir grandir. Jean Saucet, qui avait créé le Pôle Mini à La Rochelle, m’a proposé de lui succéder. Il y avait un super groupe à faire évoluer, une structure à agrandir et des formations à développer. Ça m’a pris énormément de temps et d’énergie mais je me suis éclaté. C’était super chouette de contribuer à faire grandir cette structure. Aujourd’hui, il y a 25 Ministes et une dizaine de Figaristes. Des stages sont organisés pour les Class40 et une cellule IMOCA est en plein développement », poursuit Julien, qui continue de naviguer en parallèle « pour garder le fil conducteur et être à jour ».
Le grand bain de l’IMOCA
Son parcours prend un nouveau tournant début 2022, quand Yannick Bestaven lui propose de devenir son co-skipper sur la Transat Jacques Vabre et son remplaçant sur le Vendée Globe. « Je ne m’attendais pas à ce que ça tombe d’un coup, comme ça. C’était une belle surprise, même si ça a du sens car j’avais travaillé en tant que technicien sur le chantier de Maître CoQ IV avant le dernier Vendée Globe. J’étais aussi naviguant sur toutes les sorties techniques et partenaires. Mais on n’avait jamais recouru ensemble », confie-t-il. « Je n’ai pas mis longtemps à accepter. Ce sont des bateaux qui m’ont toujours fait rêver et on a une histoire avec Yannick ». 4e de la Guyader Bermudes 1000 Race, 8e de la Rolex Fastnet Race, les deux hommes participeront ensemble à la Transat Jacques Vabre. Une belle opportunité pour lui « d’engranger de l’expérience et des milles sur une longue distance, en mode course ». Ensuite, Julien accompagnera Yannick sur les navigations techniques et la préparation des courses jusqu’au Vendée Globe, pour lequel il devra également se qualifier, au cas où. « Je vais faire essayer de profiter pleinement de la chance d’être entouré de Yannick et d’une équipe expérimentée à tous les niveaux. Je vais apprendre comment fonctionne le bateau, la Classe, la manière dont on prépare un Vendée Globe et celle dont on gère les différents systèmes météo ».
S’il y a 99,9% de chance qu’il ne prenne pas le départ de la prochaine circumnavigation en solitaire, sans escale et sans assistance, cette préparation est un vrai plus pour lui pour celui qui rêve d’y participer un jour. « On verra où tout ça me mène, mais ça donne envie. Ce sont des bateaux dingues, d’un point de vue technologique et sensations. C’est une super opportunité de pouvoir se préparer physiquement et mentalement à l’éventualité de devoir remplacer Yannick, avant de pouvoir m’élancer un jour moi-même ».
Quand il ne navigue pas, Julien pratique le kitesurf, son autre passion. « C’est de la navigation purement plaisir, avec les copains. J’aime bien aussi rouler à vélo, la course à pied et la musique. Je fais une partie de tennis avec plaisir de temps en temps ». Le reste de son temps libre, il le consacre à sa femme et son fils, désormais âgé de quatre ans.